Du call-box au mobile reconditionné : 10 téléphones cultes qui ont marqué le Cameroun

Avant l’ère des smartphones et des applications, le Cameroun a vécu une révolution discrète : l’arrivée du téléphone mobile. Entre call-box, Nokia 3310 et cartes de recharge, retour sur dix modèles emblématiques qui ont marqué une génération et transformé la communication au pays.

par Paskal KENT Il y a 4 mois 9 Lecture minimale 2 Commentaires

Avant les smartphones connectés et les applications à gogo, les Camerounais ont connu une révolution discrète mais déterminante : l’arrivée du téléphone mobile. Entre call-box, Nokia 3310 et cartes de recharge, retour sur dix téléphones emblématiques qui ont marqué une génération et transformé notre rapport à la communication.

Quand les trottoirs devenaient des boutiques : la rue au cœur de la téléphonie mobile au Cameroun

La véritable démocratisation du mobile au Cameroun débute à la fin des années 1990, dans un contexte de libéralisation. En juillet 1999, Mobilis, filiale publique, lance les premiers services GSM. En 2002, elle devient Orange Cameroun après son rachat par France Télécom.

En parallèle, MTN Cameroun entre en scène dès février 2000 en reprenant Camtel Mobile. Son offensive commerciale, axée sur la proximité, change la donne : packs opérateurs accessibles, promotions régulières, et surtout… une présence de terrain via les call-box, ces mini-échoppes de rue jaunes ou vertes devenues des icônes urbaines.

Ces points de vente informels, parfois improvisés sous un parasol ou un pan de mur, jouaient un rôle bien au-delà de la recharge de crédit : conseils, dépannage, activation de cartes SIM… En 2005, on comptait plus de 30 000 call-box à travers le pays. Ils ont permis à toute une génération, souvent sans emploi salarié, de se créer une activité autonome dans une économie marquée par un taux de pauvreté élevé.

📚 Glossaire rapide

📞 Call-box: Petit point de vente informel où l’on peut passer des appels, acheter ou transférer du crédit téléphonique.
📦 Pack opérateur: Téléphone vendu avec une carte SIM préinstallée et souvent du crédit initial.
📡 GSM: Norme de téléphonie mobile majoritaire, compatible avec la plupart des téléphones portables.

Repères chronologiques de la téléphonie mobile au Cameroun

Année	Événement marquant
1999	Lancement de Mobilis (futur Orange Cameroun)
2000	Arrivée de MTN Cameroun
2003	Dépassement du million d’abonnés mobiles
2005	Explosion de la téléphonie mobile en zones urbaines
2007	Premiers smartphones en circulation (Nokia N95, HTC)

Les téléphones cultes du Cameroun dans les années 2000

Nokia
Le roi incontesté. Du 3310 à l’1100, en passant par le 6600 et le N70, Nokia alliait robustesse, autonomie et praticité. Snake, le clavier T9 et les coques personnalisables ont marqué les esprits.
Motorola
Le mythique Razr V3 : design fin, clapet futuriste, finition métal. Il évoquait la classe et le raffinement. Les modèles plus accessibles comme le C115 ont aussi laissé leur empreinte.
Sony Ericsson
Des téléphones pour les mélomanes : W800 Walkman, K750i, T610. Son exceptionnel, appareil photo 2 MP, jeux embarqués… Le tout dans un format compact et élégant.
Samsung
Bien avant les Galaxy, Samsung séduisait avec des téléphones à clapet ou coulissants : SGH-E700, D500, T100. Leurs écrans couleur et leur design innovant marquaient une montée en gamme.
Siemens
Les A35, C55, SK65 étaient très présents dans les bureaux et chez les techniciens. Simples, fiables, souvent associés à des fonctions basiques mais essentielles.
Sagem
Partenaire d’Orange à ses débuts, Sagem popularise les MyX-5, MyV-55… Téléphones robustes, souvent vendus en pack. Très populaires dans les quartiers populaires.
Alcatel
Des téléphones d’entrée de gamme efficaces : OT Easy DB, 311, 332. Réputés pour leur endurance, ils s’échangeaient couramment sur les marchés ou entre proches.
Panasonic
Moins diffusés, mais appréciés pour leur fiabilité dans le milieu professionnel : GD90, GD92. Leur design sobre et leur clarté d’affichage les rendaient utiles en entreprise.
Philips
Les Xenium ou Fisio 820 misaient sur une autonomie record. Moins bling-bling, mais redoutables d’efficacité, notamment pour les déplacements en zone rurale.
Benefon
Le Esc!, équipé d’un GPS, était un ovni pour l’époque. Rare, mais en avance sur son temps, notamment utilisé dans les milieux spécialisés ou de sécurité.

📊 Chiffres clés de la révolution mobile au Cameroun (2000–2007)

📞 2001 : 200 000 abonnés mobiles
📈 2005 : plus de 3,5 millions d’abonnés
🔄 2007 : le mobile supplante définitivement le téléphone fixe
💸 Tarifs d’appel : baisse de près de 70 % en 5 ans
📟 Call-box : plus de 30 000 recensés à l’échelle nationale

Sources : rapports de l’ARTC et du MINPOSTEL

Une génération connectée… à sa manière

« En 2003, Aline, étudiante à l’Université de Yaoundé, faisait la queue chaque soir au call-box pour appeler ses parents à Bertoua. Elle se souvient : “C’était notre lien avec la famille, un moment précieux. Parfois, il fallait patienter longtemps, mais entendre la voix de mes parents valait chaque minute.” »

Héritage d’une époque charnière

Cette époque a laissé plus que des souvenirs. Elle a structuré des usages :

Le téléphone comme outil de lien social
L’émergence d’une micro-économie urbaine (vente, recharge, réparation)
La création d’emplois informels injectant des milliards de francs CFA dans l’économie nationale

Nokia 3310 , le téléphone portable rétro avec boutons. | Photo : Masood Aslami / Pexels.com

Ces téléphones basiques ont posé les jalons d’une culture mobile camerounaise vivace, ancrée dans la débrouillardise, la proximité et l’inventivité populaire.

Une transition vers le smartphone, sans oublier les racines

Aujourd’hui, la majorité des Camerounais accède à Internet via un smartphone Android. Mais derrière chaque Tecno Spark ou iPhone reconditionné, il y a un souvenir de Sagem robuste, de Nokia indestructible ou de Sony Ericsson musical.

Le Tecno spark 20, un des smartphones les plus vendus actuellement au Cameroun. | Photo : Andrey Matveev / Pexels.com

La révolution numérique s’est poursuivie :

3G dès 2010
4G à partir de 2015
En 2025, une couverture 4G de 95 % du territoire, en attendant la 5G

Cette évolution illustre parfaitement l’histoire mobile au Cameroun et l’évolution des usages mobiles au Cameroun.

Mais cette transformation ne peut être comprise sans saluer les pionniers. Car sans call-box, sans 1100, sans cartes à gratter, pas de TikTok, ni de transfert Express Union sur mobile.