Avec une levée de fonds majeure et un feu vert réglementaire partiel, la fintech Wave entre sur le marché camerounais en s’adossant à la Commercial Bank Cameroon. Objectif : bousculer un secteur verrouillé par les géants du mobile money grâce à un modèle tarifaire minimaliste et une approche centrée sur l’utilisateur.
Une levée de fonds structurante pour soutenir une ambition continentale
La startup panafricaine Wave, déjà active dans huit pays d’Afrique, vient de boucler un financement de 117 millions d’euros — soit près de 77 milliards de FCFA — sous forme de dette. Cette opération est portée par un consortium international réunissant Rand Merchant Bank (RMB), British International Investment (BII), Finnfund et Norfund.
Ce capital vise à :
- renforcer la trésorerie opérationnelle du groupe ;
- consolider ses positions sur les marchés existants ;
- financer son déploiement stratégique en Afrique centrale, à commencer par le Cameroun, nouveau pivot de sa croissance régionale.
Cameroun : un agrément indirect mais décisif via CBC
Le 11 juin 2025, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC) a autorisé la Commercial Bank Cameroon (CBC) à offrir des services de paiement en partenariat avec Wave Transfer S.A.. Ce cadre réglementaire, bien que restrictif, permet à Wave d’opérer légalement dans la CEMAC sans disposer de sa propre licence d’établissement de monnaie électronique (EME).
📌 Qu’est-ce qu’une licence EME ?
Une licence d’établissement de monnaie électronique permet à une fintech de créer, gérer et émettre de la monnaie électronique en son propre nom. Dans le cas présent, Wave ne peut fonctionner qu’en s’appuyant sur l’infrastructure réglementaire et bancaire de CBC, qui détient les comptes et assure la conformité auprès de la BEAC.
Par ce biais, Wave est désormais en mesure de proposer :
- dépôts et retraits d’espèces,
- transferts d’argent (ponctuels ou permanents),
- paiements commerçants,
- interopérabilité via le réseau GIMAC.
Un marché camerounais dynamique, mais dominé
Le secteur du mobile money au Cameroun représente un véritable levier économique : en 2023, selon la BEAC, le volume global des transactions électroniques a atteint 24 331 milliards FCFA, en progression de 38 %.
Ce marché est cependant ultra-concentré, autour de deux opérateurs, MTN Mobile Moneyet Orange Moneyqui détiennent plus de 88 % de part de marché. Ces acteurs bénéficient de décennies d’infrastructure, de réseaux d’agents capillaires et d’une intégration verticale avec les services télécoms.
Une stratégie d’entrée fondée sur la simplicité et la rupture tarifaire
Wave entre sur ce terrain concurrentiel avec une offre tarifaire résolument agressive, qui a déjà fait ses preuves au Sénégal, en Côte d’Ivoire ou au Burkina Faso :
- frais de transfert plafonnés à 1 %,
- zéro frais pour les dépôts et retraits,
- application mobile épurée, fluide et sans publicité.
Ce modèle vise à répondre à un double besoin : réduire le coût de la transaction pour les usagers, tout en améliorant l’accessibilité financière en zone rurale. Il s’adresse autant aux particuliers qu’aux petits commerçants, dans une logique d’inclusion.
« L’arrivée de Wave agit comme un catalyseur concurrentiel. Même sans licence EME, son modèle tarifaire est suffisamment disruptif pour forcer des réajustements chez les leaders du marché. »
— Analyste fintech, Douala
Défis d’exécution : réseau, fiabilité et confiance
Malgré ses ambitions, Wave devra franchir plusieurs obstacles opérationnels pour transformer l’essai :
- construire un réseau d’agents dense et visible sur tout le territoire,
- garantir la fiabilité de ses services, y compris dans les zones à faible couverture réseau,
- assurer une interopérabilité transparente avec les services existants,
- et surtout, instaurer la confiance, dans un environnement où les services financiers sont encore perçus avec prudence.
La pédagogie autour du partenariat avec CBC sera également déterminante pour éviter la confusion chez les usagers, peu familiers des subtilités réglementaires.
Une trajectoire vers l’autonomie réglementaire ?
Si les performances commerciales sont au rendez-vous, Wave pourrait prochainement solliciter une licence d’établissement de monnaie électronique auprès de la COBAC. Une évolution qui lui permettrait de fonctionner en propre, de réduire sa dépendance bancaire et d’élargir ses services.
Une telle étape marquerait une bascule stratégique pour l’ensemble du paysage mobile money en Afrique centrale, en introduisant un troisième pôle majeur, aux côtés des opérateurs télécoms historiques.
Conclusion
L’arrivée de Wave au Cameroun n’est pas un simple lancement commercial. Elle reflète une tentative de rééquilibrer l’écosystème mobile money autour de valeurs comme la transparence, l’accessibilité et l’innovation. Soutenue par un financement robuste et une stratégie d’implantation pragmatique, la fintech s’apprête à tester son modèle dans un environnement plus complexe que l’Afrique de l’Ouest.
Le Cameroun deviendra-t-il la première rampe de lancement d’une offensive CEMAC réussie ?
L’année 2025 en sera sans doute le révélateur, dans un paysage où la concurrence tarifaire, l’inclusion financière et la maturité technologique s’entremêlent plus que jamais.
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