Deepfake au Cameroun : quand l’image de Louis-Paul Motaze devient l’arme d’une arnaque sophistiquée

Le numérique est un terrain fertile pour la tromperie. Et cette fois, les malfaiteurs ont fait fort : une vidéo deepfake du ministre des Finances, Louis-Paul Motaze, circule sur le web camerounais, promettant des gains financiers mirobolants et usurpant l’identité d’un média reconnu pour crédibiliser le mensonge.

En effet, la vidéo exploite le logo de Digital Business Africa et présente le ministre comme caution d’une soi-disant « opportunité financière ». Le message est simple mais percutant : investissez 155 000 XAF et recevez plus de 4 650 000 XAF. Sauf que tout est faux. La voix est clonée, les images manipulées, et le site associé, summergjkh.com, n’est qu’un clone du site officiel de Cameroon Tribune, reproduisant un article vantant cette pseudo-opportunité. Une mise en scène pensée pour tromper la vigilance des internautes les plus prudents.

L’illusion de crédibilité : une manipulation bien orchestrée

Le deepfake ne se contente pas de reproduire un visage et une voix. Il intègre des éléments visuels qui évoquent l’authenticité : bandeau officiel, logos, mise en page familière. L’objectif est clair : convaincre que la vidéo est légitime.

La page Facebook derrière cette diffusion, « Kydordor », créée en juillet 2025, ne compte qu’une douzaine d’abonnés et se situe en Ukraine selon ses informations. Mais elle a déjà diffusé plusieurs publicités douteuses. La combinaison d’une page récente, d’un site clone et d’un deepfake constitue un cocktail redoutable pour abuser même les internautes avertis.

Pourquoi cette arnaque fonctionne

1. Le facteur confiance : la présence du logo Digital Business Africa et l’imitation du site Cameroon Tribune créent une crédibilité instantanée.
2. La promesse de gain rapide : 4,65 millions pour un investissement de 155 000 XAF, un rendement impossible qui attire les esprits avides.
3. La pression visuelle et émotionnelle : bandeaux, couleurs officielles et voix du ministre clonée renforcent l’urgence et l’illusion de légitimité.

En combinant ces éléments, les escrocs exploitent un biais psychologique classique : la confiance induite par l’autorité et la notoriété.

Comment se protéger

• Vérifier les sources : préférez les sites officiels et comptes certifiés.
• Analyser les contenus : voix, mouvements du visage, bandeaux et logos peuvent trahir un deepfake.
• Comparer avec l’original : l’article du site Cameroon Tribune peut servir de référence pour détecter la copie frauduleuse.
• Signaler : sur Facebook, Google Safe Browsing ou aux autorités compétentes.
• Rester sceptique face aux promesses de gains rapides : toute « opportunité » trop belle pour être vraie l’est généralement.

Un phénomène inquiétant

Cette arnaque illustre la sophistication croissante des fraudes numériques au Cameroun, où les deepfakes et les clones de sites officiels deviennent des outils d’escroquerie redoutables. Le risque n’est plus seulement financier : c’est la confiance numérique qui est attaquée, et avec elle, la crédibilité des médias et des institutions.

Pour aller plus loin :

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