Une simple notification sur un smartphone, et tout un quotidien digital peut vaciller. Ce matin, MTN Cameroun a alerté ses abonnés par SMS d’un incident sur la fibre optique susceptible de perturber la connexion Internet. Pages web lentes, streaming instable, visioconférences interrompues : les perturbations affectent l’ensemble des usages numériques. « Cher client, suite à un incident sur la fibre optique, vous pourriez constater des perturbations de votre connexion Internet. Nos excuses pour les désagréments», indique le message, révélateur d’une fragilité structurelle persistante et d’une tendance inquiétante pour le secteur télécom camerounais.
Une timeline qui parle d’elle-même
Depuis 2023, plusieurs incidents majeurs ont marqué le réseau. En mars 2023, MTN enregistrait une coupure fibre entre Yaoundé et Douala. En juin, Orange menait une maintenance programmée à Garoua. En janvier 2024, un sabotage affectait le Nord et l’Adamaoua, suivi en juillet 2025 d’une défaillance du backbone de Camtel touchant le Sud et l’Extrême-Nord. Enfin, en octobre 2025, MTN annonce un nouvel incident fibre impactant plusieurs régions. Cette timeline verticale intégrée illustre la récurrence des interruptions et permet une lecture fluide sur mobile, soulignant que les perturbations ne sont pas isolées mais s’inscrivent dans une tendance préoccupante.
Pourquoi la fibre craque : causes et contraintes
Selon les experts, plusieurs facteurs structurels expliquent cette instabilité. Le sabotage et les actes malveillants sont fréquents, avec plus de 1 000 incidents recensés par Camtel en 2024. À cela s’ajoute la vétusté du backbone national et la vulnérabilité de la « fibre noire ». Les contraintes électriques et une maintenance insuffisante aggravent les interruptions, tandis que les sanctions restent limitées : malgré 2,6 milliards FCFA d’amendes infligées en juillet 2025, la qualité de service demeure affectée.

Investissements et régulation : des efforts insuffisants
En 2023, les opérateurs ont investi 185 milliards FCFA dans les infrastructures fibre, avec Camtel à hauteur de 117 milliards FCFA, Orange 38 milliards FCFA et MTN 30 milliards FCFA. Malgré ces efforts financiers significatifs, le service reste instable, illustrant que l’argent seul ne garantit pas la continuité.
Les impacts sur les abonnés et l’économie
Pour les abonnés, la conséquence est immédiate : navigation ralentie, streaming instable, services en ligne intermittents. Pour les entreprises, les pertes de productivité et les perturbations des services numériques s’accumulent, tandis que l’administration voit le déploiement de ses services d’e-gouvernement ralentir. « Nous avons raté des rendez-vous clients et des visioconférences importantes, c’est frustrant », témoigne un entrepreneur de Bafoussam.
Solutions et recommandations
Pour sécuriser le réseau et rétablir la confiance, plusieurs mesures sont indispensables. La transparence et la communication sur les incidents et délais de rétablissement doivent être renforcées. Les opérateurs doivent créer des routes alternatives pour limiter l’impact des coupures et assurer la sécurisation physique des infrastructures par la surveillance et la coopération avec les communautés locales. Une maintenance proactive et des audits réguliers permettront d’anticiper les défaillances, tandis que le suivi des indicateurs de qualité de service et leur publication renforceront la responsabilité. Comme le résume un expert en télécoms, « les investissements existent, mais ils ne suffisent pas à garantir un service continu et stable ».
Conclusion
La fibre camerounaise vacille, et chaque incident rappelle que la connectivité est désormais un enjeu stratégique national. Sabotage, vétusté et contraintes opérationnelles mettent les abonnés à l’épreuve. MTN et les autres opérateurs doivent agir pour qu’une connectivité fiable et résiliente devienne réalité, car dans un pays de plus en plus digitalisé, chaque coupure a un coût concret pour les utilisateurs et l’économie.
Pour aller plus loin :
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