Coupure Internet au Cameroun : entre panne du câble WACS et soupçons de censure politique
Photo : Craig Dennis via Pexels.com / illustration

Cameroun : La “panne” Internet du câble WACS en pleine vague post-électorale, entre choc numérique, suspicion de censure et colère citoyenne

Alors que le Cameroun attendait les résultats de la présidentielle du 12 octobre, une panne massive d’Internet officiellement liée au câble WACS a plongé le pays dans le silence numérique. Entre perturbation technique et soupçons de censure, le doute s’installe.

Alors que le Cameroun attendait les résultats de la présidentielle du 12 octobre, une panne massive d’Internet officiellement liée au câble WACS a plongé le pays dans le silence numérique. Entre perturbation technique et soupçons de censure, le doute s’installe.

Un matin suspendu, sous tension politique

Le 23 octobre 2025, alors que le Cameroun s’éveille sous tension, de nombreux quartiers de Douala, Yaoundé ou Maroua voient leurs écrans figés. WhatsApp muet, transactions Mobile Money bloquées, cybercafés à l’arrêt. Mais cette fois, le silence numérique survient alors que des manifestations éclatent dans plusieurs villes du pays pour contester les résultats de l’élection présidentielle — attisées par les allégations massives de fraude et la diffusion sur les réseaux d’images de la mobilisation citoyenne.

Un matin suspendu donc, à la croisée d’un choc politique et d’un effondrement technologique.

Une “panne technique” qui interroge

L’explication officielle, relayée par Camtel et les opérateurs, évoque un incident sur le câble sous-marin WACS (West Africa Cable System), principal axe de transit de données du pays. Le trafic international s’effondre, touchant tous les grands FAI et la majorité des services critiques.

💬 « Nos équipes sont mobilisées pour rétablir la liaison », annonce Camtel, sans préciser d’échéance.

Cependant, au-delà du discours technique, la coïncidence entre cette panne et la tension politique ravive les souvenirs d’un scénario déjà connu. En effet, le Cameroun dispose de plusieurs routes de secours : le câble SAIL reliant Kribi à Fortaleza (Brésil) ou encore le SAT-3, tous deux opérationnels. Ensemble, ces infrastructures offrent une capacité cumulée de plus de 70 Tbit/s, dont moins de 16 % seraient effectivement utilisées. Pourtant, aucune redirection de trafic n’a été observée, et l’État conserve un contrôle exclusif via Camtel — un monopole qui alimente logiquement les soupçons de coupure délibérée.

Un climat de défiance inédit

Ce black-out numérique s’inscrit dans un contexte post-électoral explosif :

Le Conseil constitutionnel venait de rejeter les principaux recours de l’opposition, ouvrant la voie à la confirmation de Paul Biya pour un nouveau mandat, malgré les mobilisations et tensions à Garoua, Yaoundé, Douala et Maroua ces deux derniers jours.

Dans le même temps, plusieurs ONG (Africtivistes, NetBlocks, AccessNow) dénoncent une opération de filtrage orchestrée pour limiter la diffusion d’images de contestation, empêcher les directs et freiner la mobilisation numérique. Ce scénario rappelle celui de 2017, lorsque les régions anglophones avaient été privées d’accès Internet pendant plusieurs mois.

« Les mesures montrent une perturbation de la connectivité Internet au Cameroun, impactant également les pays voisins. L’incident pourrait limiter la couverture des événements sur le terrain, alors que le président Biya cherche à prolonger ses 43 ans au pouvoir ».


NetBlocks


Mais pour de nombreux Camerounais, le hasard semble avoir bon dos.

Conséquences économiques, sociales… et démocratiques

L’impact de la coupure dépasse largement le cadre technique. Au-delà des cybercafés désertés et des marchés paralysés, c’est la capacité même des citoyens à s’exprimer et à participer au débat public qui est entravée.

Déclarations fiscales impossibles, PME bloquées, écoliers privés d’apprentissage à distance, journalistes coupés de leurs sources… Le Cameroun s’est retrouvé en “mode avion”, au moment même où l’Histoire s’écrivait dans la rue.

Ainsi, la panne a agi comme une chape de plomb sur la parole citoyenne, renforçant l’impression d’un blackout informationnel orchestré.

Alors que le Cameroun attendait les résultats de la présidentielle du 12 octobre, une panne massive d’Internet officiellement liée au câble WACS a plongé le pays dans le silence numérique. Entre perturbation technique et soupçons de censure, le doute s’installe.

Gouvernance numérique en question et appels à la transparence

Face au silence des autorités, des experts télécoms et acteurs de la société civile appellent à plus de clarté. Ils réclament une communication technique indépendante et une transparence sur les causes exactes de la panne.

Beaucoup y voient un glissement inquiétant : celui d’une gestion politique de la connectivité nationale, dans un contexte où la frontière entre sécurité nationale et censure d’État devient floue.


« Ces coupures sont une arme contre la transparence. En restreignant l’accès aux réseaux sociaux, certains observateurs estiment que le pouvoir cherche à contrôler la narration politique et limiter la diffusion d’images sensibles »,


analyse un chercheur en gouvernance numérique.

Perspective et mobilisation communautaire

Dans les rues comme sur les forums en ligne, un même mot revient : silence. Silence numérique, silence politique.
Mais à travers les VPN, les partages clandestins et la solidarité entre internautes, une autre réalité se dessine : celle d’une résistance numérique citoyenne, bien décidée à documenter la vérité.

Ce nouvel épisode met en lumière à la fois les failles structurelles du réseau camerounais et la fragilité démocratique du pays face au contrôle des infrastructures critiques. Seule une gouvernance plus ouverte, accompagnée d’une diversification réelle des accès, pourra garantir une souveraineté numérique authentique.

KAMERANDROID continuera de suivre l’évolution de cet incident, d’enquêter sur les causes et de recueillir les témoignages des utilisateurs affectés.

Votre expérience, vos captures et vos récits sont essentiels — car, dans un monde connecté, le partage d’information reste la plus puissante des résistances.


Pour aller plus loin :

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Jeune Camerounais dynamique, Paskal KENT est passionné par les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. Curieux et polyvalent, il s’est construit un profil multifacette, reflet de son engagement à explorer divers horizons. Professionnel du web, Pascal excelle comme développeur et administrateur web, mettant ses compétences techniques au service de projets numériques innovants. Il est aussi le promoteur de KAMERANDROID, une plateforme dédiée à l’actualité et à l’analyse des technologies mobiles, avec un focus particulier sur Android. Parallèlement, il déploie sa créativité en tant que caricaturiste et photographe, capturant avec sensibilité des instants et des émotions. En tant que reporter et rédacteur web, il allie rigueur journalistique et talent d’écriture pour produire des contenus à la fois informatifs et captivants, contribuant ainsi à une meilleure diffusion de l’information. Toujours en quête d’apprentissage et de nouvelles expériences, Paskal incarne la génération connectée, où technologie, art et communication se conjuguent avec passion.